Le 13 mai dernier, le Père Yves-Marie Blanchard a donné une conférence très appréciée au Centre-Missionnaire Saint-Jacques. Conformément à la demande qui lui a été faite, il présenté l’histoire de l’œcuménisme de ses origines à nos jours, en insistant sur les moments forts, dont les débuts se situent pour lui à Malines – de 1895 à 1921 –  avec l’amorce d’un dialogue bilatéral catholiques-anglicans, dont les auteurs principaux sont Lord Halifax, Monsieur Portal et Cardinal Mercier. Il a énuméré des temps forts de cet engagement dont le Concile Vatican II, le décret Unitatis redintegratio, la traduction œcuménique de la Bible (TOB), l’encyclique Ut Unum sint du pape Jean Paul II, la déclaration commune sur la justification à Augsbourg en 1999, entre autres…

Dans un second moment, il a tenu compte du débat autour d’un soi-disant hiver œcuménique, avec un sentiment de refroidissement. Le conférencier a préféré donner un autre sens à ce sentiment en lui choisissant l’expression de passage à l’âge adulte, où il reconnaît volontiers que l’exaltation des débuts a cédé la place à des espaces de réflexion sur les difficultés objectives, comme l’appauvrissement des Églises (au moins en Occident); la concurrence de l’interreligieux, la généralisation d’une culture « relativiste » et le renforcement des réflexes identitaires, en tant que crise de civilisation.

D’après le bibliste, membre du groupe des Dombes, l’œcuménisme se vit au cœur d’une fraternité désormais acquise à tous les niveaux, à commencer par Rome, avec toutes les ouvertures et les rencontres entre les papes et les responsables d’autres églises. L’œcuménisme sonne désormais l’heure d’un travail théologique exigeant et difficile, certes, mais réellement fructueux, avec l’existence du groupe des Dombes, des dialogues bilatéraux mondiaux ou nationaux.

Plus qu’avant, l’œcuménisme tel qu’il est pratiqué aujourd’hui exige que l’on veille à ce que les lieux et les temps symboliques soient disponibles et accessibles à tous. Parmi ces lieux et ces temps, le Père Yves-Marie Blanchard mentionne: la Semaine de l’Unité, certaines célébrations de la Semaine Sainte; les aumôneries interconfessionnelles et les rencontres entre prêtres et pasteurs.

En tout cas, pour le spécialiste de l’Évangile selon Saint-Jean, l’œcuménisme est à ses yeux un engagement irréversible et bien vivant, dans sa modestie même. Il s’agit d’une expérience stimulante et toujours enrichissante, éveillant à une vérité plurielle et au dialogue. Il représente une exigence énorme, rien qu’à considérer l’obligation de vivre l’unité entre chrétiens et entre Églises, avec des questions se rapportant aux lieux, aux temps, à la manière de le vivre et de le pratiquer.

Dans un troisième temps, le conférencier a présenté – brièvement certes – le paysage œcuménique français dans son profond renouvellement dont il distingue trois lieux. Au-delà du traditionnel face-à-face Catholique-Réformés, héritier d’une histoire douloureuse avec, en particulier, l’effet dévastateur de la révocation de l’Édit de Nantes, en 1685, le paysage œcuménique français se renouvelle:

  • 1) par l’unification et la diversification du monde protestant;

  • 2)  par l’expansion et la diversification des Églises d’Orient;

  • et (3) par l’émergence de problématiques et de comportements nouveaux, débordant le champ traditionnel français.

Le Conférencier ajoute un quatrième et dernier point où il parle de quelques éléments de « méthode » convenant au dialogue œcuménique dont:

1 –  La Purification des mémoires, où est revisitée ensemble, sans a priori apologétique, l’histoire commune et séparée des églises;

2 –  La reconnaissance d’une hiérarchie des vérités, où les éléments de disssensus-consensus sont replacés à leur juste place au regard du mystère central de la foi;

3 – La conversion des Églises où sont évalués les déplacements ou les recentrages nécessaires au sein de chaque tradition confessionnelle;

4 – La recherche du consensus doit être différencié. Cela implique l’obligation de travailler sur les différences de sorte qu’elles ne soient plus séparatrices mais participent d’une saine pluralité.

5 –  Le dépassement, en toute occasion, d’une logique du simple compromis basé sur le modèle contractuel (décevant) pour s’engager dans une recherche honnête de la vérité, par l’interpellation mutuelle aussi bien qu’introspection exigeante. Il y voit la perspective de l’œcuménisme dit « spirituel », intégrant à la recherche théologique une forte part de prière, de partage et de convivialité. Autrement dit, penser l’œcuménisme comme une aventure plus qu’humaine.

Certains participants ont été très attentifs à ce que le conférencier expliquait par rapport au groupe des Dombes comme lieu d’une pratique fructueuse et productive de l’œcuménisme. Le père BLANCHARD a rappelé que le « Groupe des Dombes » est une communauté de 40 hommes et femmes Catholiques et Protestants, déterminés à trouver ensemble des chemins d’unité, non pour convertir l’autre à sa croyance, mais plutôt à chercher ensemble un lieu de fraternité par la prière partagée et par un travail théologique.

Ils ont également retenu que la démarche œcuménique doit permettre que les recherches de chacun prennent des chemins, non pas l’un vers l’autre, mais convergent vers le Christ et son Évangile. Chemin d’une conversion commune où l’on se met à l’écoute de l’autre dans une prière partagée selon le modèle du « NOTRE PERE » composé et proposé par groupe des Dombes.

 

Un très grand merci au Père Yves-Marie Blanchard, à l’équipe des conférences au Centre Missionnaire Saint-Jacques pour la synthèse et à tous les participants des conférences au Centre Missionnaire Saint-Jacques.