Religieux kidnappés à Haïti. « Ça a vraiment été un choc, j’avais un sentiment de révolte »

Il y a une semaine, sept prêtres et religieuses catholiques étaient enlevés près de la capitale haïtienne Port-au-Prince. Francklin Gracia, prêtre haïtien nommé à Pacé, témoigne de l’émotion et de la solidarité ressenties dans le diocèse de Rennes.

Francklin Gracia, prêtre haïtien ordonné en 2018 et aujourd’hui prêtre à Pacé. | OUEST-FRANCE

Ouest-France Pascal SIMON. Modifié le 20/04/2021 à 09h49 Publié le 20/04/2021 à 09h01


Il y a une semaine, sept prêtres et religieux catholiques, cinq Haïtiens et deux Français, ont été enlevés dimanche 11 avril 2021, en Haïti, à la Croix-des-Bouquets, près de la capitale Port-au-Prince. Leurs ravisseurs ont demandé une rançon d’1 million d’euros.

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L’un des victimes françaises, toutes deux originaires de l’Ouest, est le père Michel Briand, originaire de Messac, et rattaché à l’institut missionnaire de la société des prêtres de Saint-Jacques, à Guiclan, dans le Finistère.

Des liens étroits existent entre le diocèse d’Haïti et la Bretagne, notamment le séminaire Saint-Yves, à Rennes, qui a formé plusieurs prêtres. Alors l’émotion a été forte la semaine dernière, à l’annonce de l’enlèvement.

« Les Chrétiens d’Ille-et-Vilaine se sont montrés solidaires. Dès le lendemain, le mardi, des temps de prières ont été organisés à Mordelles. Et une messe a été célébrée à l’église de Bruz, jeudi dernier, où vient d’arriver le père Allynste Fontaine, comme moi Haïtien », explique le père Francklin Gracia, ordonné en 2018 à Port-au-Prince, et nommé à la paroisse de Pacé.

Le diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo compte deux autres prêtres haïtiens, le père Facius Joseph, à Mordelles, et le père Amos Badeau, à Saint-Malo.

L’enlèvement des clercs, à Haïti, Francklin Gracia l’a appris par un collègue d’Haïti. « Ça a été vraiment un choc quand j’ai appris ça, j’avais un sentiment de révolte », concède le prêtre qui connaît bien le père Michel Briand, l’un des otages.

« C’est lui qui m’avait accueilli fin 2009, la première fois que j’ai franchi la porte des frères de Saint-Jacques à Port-au-Prince. Je pensais entrer au séminaire, je lui ai demandé des informations, comment il pouvait m’accompagner, se souvient le père Francklin Gracia, ordonné en 2018, prêtre à Pacé depuis 2018. Il donnait un cours pendant l’année de propédeutique (année de discernement précédant une éventuelle entrée au séminaire), à Fontamara. Je suis entré ensuite au séminaire interdiocésain de Port-au-Prince. »

Francklin Gracia est alors en stage à la paroisse Saint-Antoine, dans la capitale haïtienne, avant de rejoindre la France et la paroisse de Landernau, dans le Finistère, puis le séminaire Saint-Yves de Rennes en septembre 2014. Un autre séminariste haïtien est de la même « promo », Joël Bernard, aujourd’hui prêtre à Sainte-Anne d’Auray.

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Un lien avait été maintenu avec le père Briand. « Nous nous donnions des nouvelles de temps en temps, et il était présent à mon ordination à la paroisse Saint-Antoine de Port-au-Prince. » C’était le 18 août 2018, et l’abbé Henri Chesnel, vicaire-général et ancien curé de Pacé, l’avait accompagné dans les Caraïbes.

« En Haïti, beaucoup de gens sont révoltés par ces enlèvements. Qu’ont donc fait de mal ces prêtres et religieuses qui se rendaient d’ailleurs à l’installation d’un des leurs», demande le père Gracia, qui concède que la situation économique et l’instabilité politique du pays ne font qu’empirer les choses. « Mais, le peuple haïtien porte en lui-même cette force pour vaincre cette situation difficile. »

Source : Ouest-France