Au lendemain de la fête patronale de la paroisse de la cathédrale de Port-au-Prince, Notre-Dame de l’Assomption, nous nous sommes retrouvés à la paroisse de Saint Roch. Située dans la localité du même nom, elle fait partie de Platon Dufresnay, deuxième section communale de Carrefour. Pour y accéder, il faut s’éloigner de 10 kilomètres au sud de la première ville haïtienne, à 700 mètres d’altitude.
Pour sortir du centre-ville de Port-au-Prince en ce jeudi seize août 2018, un embouteillage monstre – sous une chaleur estivale écrasante – nous obligeait, quelques prêtres qui m’accompagnaient et moi, à user de beaucoup de patience pour atteindre le centre paroissial, où depuis la veille nombre de paroissiens et de pèlerins s’étaient donnés rendez-vous.
Avec moi, – et dans une voiture qui a beaucoup servi, mais encore robuste – trois prêtres bretons et deux diacres transitoires empruntaient la route rocailleuse ascendante – l’unique – qui conduit à cette communauté chrétienne, dont l’église est perchée au haut de l’une des montagnes de cette localité.
Quand nous avions atteint le sommet de Saint Roch, il faisait beau sous un soleil radieux, révélant un paysage qui contraste avec la réalité urbaine de Port-au-Prince. Belles et altières, les montagnes offrent le spectacle d’une végétation luxuriante, malgré l’effet de la déforestation ayant passé également par là. A côté du bâtiment de l’église, il y a du monde partout, avec de la musique dansante envahissante et enivrante. On pouvait distinguer dans la foule grouillante les pèlerins, au style des vêtements qu’ils portaient, se distinguant du reste des gens pris à tant de commerces, en ce jour de fête pour la zone.
Nous nous rendions un peu plus loin de la belle église paroissiale, d’où partira la procession liturgique. L’église a été détruite par le séisme du 12 janvier 2010 et reconstruite depuis grâce aux énergies et à la générosité du père Jean Jacques Cabioc’h, encore curé de la paroisse d’il y a maintenant deux ans.
A l’une des salles en contre-bas de l’église paroissiale, la procession se met en place, avec à sa tête, après la croix processionnelle, la chorale paroissiale. Ses membres sont revêtus d’une toge blanche surmontée d’un collet jaune. Une quinzaine de prêtres les suivent ainsi que l’archevêque métropolitain de Port-au-Prince, Mgr Max Leroy Mésidor, qui présidera la célébration liturgique.
Après avoir gravi les trois séries de marches qui conduisent à l’église, et une fois tout le monde y a pris place, un mot de bienvenue est adressé aux personnes présentes, et en particulier à l’archevêque qui est à sa première année en tant qu’Ordinaire du diocèse, et qu’en tant que tel, participe pour la première fois à la fête patronale de la paroisse. Dans une ambiance de fête, dans une église dont l’intérieur était assombri par la décoration, pensée pour réduire la chaleur, les différents acteurs liturgiques accompagnent la prière des fidèles, par les commentaires, les lectures, la musique, la danse et les chants exécutés en français et en créole.
Dans son homélie, l’évêque a invité les fidèles à prendre Saint Roch pour modèle et à faire de leur mieux pour développer les talents reçus du Seigneur, au bénéfice de tous. Son message n’était pas sans rappeler les défis auxquels le pays fait face actuellement, comme l’insécurité et la cherté de la vie.
C’est dans ce contexte qu’il a invité l’assemblée à prier régulièrement et avec persévérance en faveur des jours meilleurs pour le pays et ses habitants. Il a encouragé les pèlerins à faire de leur pèlerinage une réelle occasion de rencontre avec le Seigneur qui continue de les appeler à se mettre au service des uns et des autres à l’image de Saint Roch.
Refrain de la prière universelle:
C’est jour de fête, jour d’allégresse. écoute nos prières, exauces-les, Seigneur!
Un groupe de mimes et de danseurs a rehaussé l’éclat de la célébration. Un groupe d’enfants mimaient très délicatement les chants du gloria et du sanctus, alors qu’une procession d’offrande mettait en scènes un groupe de danseurs et de danseuses très doués. Ils apportaient à l’autel des produits du terroir, dont des régimes de bananes, des légumes et des chaises.
Ici, le chant de la procession d’offrande, mimé par un groupe de danseurs!
Ici, le chant d’action de grâce mimé par des enfants! De toute beauté!
Au moment des remerciements prononcés par le curé de la paroisse, le Père Michel Briand, originaire du diocèse de Rennes – en France –, et curé de la paroisse, ces chaises seront distribuées, à chacun des prêtres concélébrant et à Mgr Max Leroy Mésidor, qui présidait la célébration. A la grande satisfaction de toute l’assemblée et sous leurs chauds applaudissements, l’évêque a essayé son cadeau, abandonnant le siège de la présidence où il était assis jusque-là.
A la fin de la célébration, l’évêque, les prêtres et de nombreux autres convives se sont retrouvés pour partager un repas de fête, copieusement préparé à une maison sociétaire où le curé est logé temporairement.
La paroisse de Saint Roch est confrontée à de nombreux défis, comme l’absence d’infrastructures et de services minimums. De plus, le séisme a causé de sérieuses pertes à la communauté. La grande et belles école presbytérale construite par le père Cabioc’h a été fâcheusement endommagée le 12 janvier 2010. Et depuis, les moyens pour sa reconstruction ou sa réparation font toujours défaut, alors que les enfants, nombreux, doivent se contenter d’abris provisoires, qui comptent déjà 8 longues années.
Le Père Michel se donne corps et âme pour accompagner la population, et s’investit beaucoup dans des activités de formation, par laquelle il espère changer la donne.

Conversation entre l’archevêque Mgr Mésidor avec l’ancien curé de Saint-Roch, le Père Cabioc’h
Nous lui disons un grand merci pour l’accueil qu’il nous a réservé, mais surtout pour le don de lui-même, à l’instar de ses prédécesseurs, au service de l’Évangile, rendu visible à travers des attitudes et des gestes concrets. Avec lui, nous adressons également un grand merci à tous les acteurs de cette communauté de Saint Roch que nous affectionnons.

Un groupe autour des séminaristes de Saint-Jacques, une sœur et une postulante des Sœurs de la Providence de la Pommeraye

L’équipe des cuisinières – serveuses, en grande tenue!

Quelques-unes des tables décorées pour le déjeuner

Autre table de covives sous un chapiteau