Au Bénin, la Route de l’Esclavage, un chemin oublié de notre histoire commune.
Les Africains et les Afro-américains (Nord, Sud, Centre et Antilles) doivent faire ensemble ce chemin pour se souvenir, faire mémoire, surtout se réconcilier. Les sentiments de révolte ressentis, bien sûr légitimes, peuvent être partagés dans la dure et rude recherche de la vérité. Nous pouvons avoir l’impression que cette vérité reste perdue au « fond du puits » ; mais l’insouciance des uns ne peut en aucun cas justifier l’inconscience des autres.
Les Sœurs de la Providence de la Pommeraye, par la Supérieure générale en son Conseil, ont décidé d’entreprendre une démarche inédite et inouïe au cours de l’année 2018 – 2019. Le thème en lui-même est remarquable : « Dignité sans frontières, – une mémoire à libérer, – une histoire à construire ». Cette démarche, je le crois, est originalement riche en enseignement et en apprentissage de construction de soi. Les Sœurs, dans leur gentillesse amicale et fraternelle, ont bien voulu associer les Prêtres de Saint-Jacques à leur exceptionnelle démarche. Nous leur sommes très reconnaissants. Nous leur exprimons toute notre gratitude et nous les remercions vivement pour leur délicatesse.
Dans le cadre de cette année que les Sœurs appellent « AIR (Assemblée Inter Régions) », j’ai été au Bénin avec les Sœurs qui travaillent sur le continent africain, du 23 août au 03 septembre. J’ai eu l’inoubliable chance de vivre avec elles une priante et fructueuse Retraite.
En prélude à la Retraite, accompagnés d’un prêtre Jésuite, Père Wilfrid OKAMBAWA, nous avons suivi et vécu le parcours historique de la Route de l’Esclavage. C’était une journée remplie d’émotions, difficilement supportable à vivre. Cela a été impossible de rester insensible face à cette douloureuse et incompréhensible histoire. Il y a eu des moments bouleversants qui touchent les entrailles.
Ce que je retiens de ce pèlerinage sur la Route de l’Esclavage, particulièrement à Ouidah : – ‘‘une mémoire à libérer’’ ! L’enchainement de cette mémoire est à l’intérieur de mon propre être, ‘descendant d’esclaves’. Si la mémoire n’était pas libérée de façon effective, il serait impossible de faire le deuil. La mémoire a été tuée et enterrée à l’intérieur de moi. Aujourd’hui, son esprit a demandé des comptes pour qu’une histoire soit construite à partir de nouvelles bases : « Afrique, femme meurtrie par l’horreur et l’atrocité de l’esclavage, qu’as-tu fait de tes enfants jetés dans la gueule du lion ? ». (Photo Lion avalant son bébé) !
La réponse est bien sûr dans la danse d’amour que nous pouvons inventer et réaliser ensemble afin que nos communautés soient de véritables rayons de lumière de soleil qui témoignent de la vérité au milieu de l’humanité.
Paul Dossous, psj