Le Centre Missionnaire Saint-Jacques a reçu la quinzième semaine chantante de Chœur et Création, du 21 au 28 juillet. Il s’agit d’un stage de musique classique vocale organisée depuis déjà de nombreuses années par le chef de chœur bien connu, répondant au nom de Christophe Duhamel.
Ce stage réunit 85 personnes, pour cette session. Celles-ci viennent d’une quarantaine de départements de toute la France. Elles constituent de par leur provenance et leur parcours, un groupe bien hétérogène. En compétence musicale, quarante pour cent d’entre eux ne savent pas lire adéquatement ou pas du tout une partition de musique. Inscrits à temps, les participants reçoivent un dossier complet, avec partition et CD audio leur permettant de bien préparer leur stage.
Ces stages s’effectuent un peu partout dans le pays. Depuis quelques années, le Centre Missionnaire Saint-Jacques accueille avec joie et enthousiasme cette activité. Situé entre montagne (Les Monts d’Arrée) et mer (Roscoff), sur une propriété de dix-neuf hectares, bien entretenu par le travail des employés et des bénévoles, le centre offre un cadre physique, humain et spirituel idéal pour ces amateurs de chants, ces chercheurs de beautés, ces hommes et ces femmes qui ont soif et faim de profondeur et de hauteur, pour qu’ils vivent en plein ce moment de stage.
D’ailleurs, la grande majorité des participants, dont la moyenne d’âge s’élève à 50 ans environs, choisit d’être hébergée au Centre d’Accueil Saint-Jacques, en régime complet ou partiel. Ainsi donc, libres de tout souci logistique et matériel qui seraient liés à l’hébergement, et portés par un cadre magique, ils ont pu s’adonner à cœur joie aux activités propres à ce stage.
Extrait – répétition à la Chapelle du Centre Missionnaire Saint-Jacques
La beauté appelle la beauté, l’allure altière des arbres de la propriété en appelle à celle de l’âme de ces belles personnes, élevée au sommet du beau, dans la grande chapelle de Saint-Jacques, où résonnent encore nombre de célébrations d’ordination, de noces d’argent ou d’or, d’envoi en mission, où le chant sacré est toujours et encore maître aujourd’hui.
De la bonne disposition des participants, en passant par l’évidente compétence et de la réelle proximité du chef de chœur jusqu’à l’environnement paradisiaque, calme et reposant du parc du Centre Missionnaire Saint-Jacques, il ne pouvait naître entre les participants qu’un esprit de corps, d’ouverture et de collaboration. Le stage aura ainsi permis aux participants de constituer une famille.
Un beau et spontané rire qui dit long sur l’ambiance familiale et décontractée de ce stage de musique sacrée vocale, réalisée au Centre Missionnaire Saint-Jacques.
Dès lors, les difficultés techniques liées aux pièces du grand compositeur Roland de Lassus sont vites surmontées, ou presque.
En effet, l’écriture de la musique a évolué. La musique ancienne du seizième siècle est modale, alors que la musique d’aujourd’hui est davantage tonale.
La musique modale procède par enchainement de tons et demi-tons qui sert de « modèle » au mode. Cet enchainement est déterminé en prenant pour point de départ la note qui donne son nom au mode et on monte une octave sur la gamme diatonique.
Éviter le « diabolus in musica » a dû être un travail exigeant pour le maître DUHAMEL, en mettant au service des stagiaires toutes ces compétences techniques et humaines, à animer le groupe. En effet, le triton n’a pas été accepté dans les normes de la musique liturgique, puisqu’il faisait monter vers la note fa. Mais la question pour le chef de chœur DUHAMEL était de faire en sorte que certains stagiaires ne s’écartent de la note juste: qu’un fa soit fa et un do, un do. Il s’agit de la justesse des voix, dans l’exécution par des amateurs – même doués – d’un motet caractéristique hétérorythmique, à cinq voix mixtes.
La motivation des participants étaient palpables. On a vu les uns et les autres dans le parc en train de déchiffrer leur participation, assis au pied d’un arbre, debout dernière un clavier électronique dans une petite salle, ou encore en petits groupes intallés ici et là, en quête de la meilleure maîtrise des différentes parties à exécuter.
Ambiance studieuse qui régnait malgré la bonne humeur constante des participants.
La bienveillance du chef de chœur ne lui a rien enlevé de son autorité à rétablir la note juste, à faire chanter un vrai fa au lieu d’un do incertain. Notons que M DUHAMEL n’a pas choisi la voix de la facilité en choisissant comme exercice pour ce stage la « MISSA CREDIDI PROPTER, ainsi que le psaume 116, du grand compositeur ROLAND DE LASSUS (Orlando di Lasso- 1532-1594).
Il s’agit d’une œuvre conçue pour un chœur mixte à 5 voix (SAATB): 1 Soprano, 2 Alto pour les voix féminines et 1 Ténor et 1 Basse). L’écriture hétérorythmique est une complexification de ce stage de la Semaine chantante au Finistère. Du point de vue technique le travail consistait alors à créer une certaine forme d’autonomie sur les 5 pupitres du stage, rendant les chanteurs capables de différencier sa voix de celles des autres sans pécher comme l’harmonie et produire une voix qui soit réellement une voix chorale.
Ce bel effort a porté son fruit avec le premier concert de clôture de ce stage, donné à la chapelle même du Centre Missionnaire Saint-Jacques, le 26 juillet 2018, devant une petite cinquantaine de personnes, les uns plus enthousiastes que les autres à apprécier la belle interprétation réalisée par le groupe des stagiaires guidés par la baguette du chef de chœur.
Enfin, disons que ce groupe de stagiaires réunis au Centre Missionnaire ne se réclame d’aucune appartenance religieuse ou autre. Parmi eux, il y a sans doute des catholiques, des personnes avec une démarche spirituelle certaine dont la musique sacrée vient alimenter la vie et la foi. D’autres ont voulu prendre part à ce stage par amour pour la musique en tant que telle. Eux aussi ont expérimenté l’élévation de leur âme, de leur être à la magie même de cette musique pratiquée ensemble.
La musique la vraie, quelle soit instrumentale ou vocale, quelle soit dite profane ou sacrée, porte en elle la capacité d’inspirer à l’ouverture de l’âme, de faire naître l’amour et le respect pour son prochain. Sardou ne chantait-il pas que: « la vie est plus marrante, est moins désespérante en chantant?!«
On comprend bien dès lors le commentaire de saint Augustin du psaume 74 disant:
« Qui bene cantat bis orat » – « Qui chante bien prie deux fois. »
« Qui enim cantat laudem, non solum laudat, sed etiam hilariter laudat »
(Celui qui chante des louanges non seulement loue mais loue joyeusement. »)
Un très grand merci à M CHRISTOPHE et à chacun et chacune des stagiaires pour leur présence de qualité au Centre Missionnaire Saint-Jacques et pour avoir fait résonner leur voix sacrée à la Chapelle et dans les coins et recoins du Centre.
« Qui bene cantat bis orat »
Avant le concert
Extrait du sanctus
Extrait du Gloria
Durant le concert
Après le Concert
Georgino RAMEAU