La Lettre de Saint-Jacques, n° 210
Éditorial
« … ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël:
Jarre de farine point ne s’épuisera,
vase d’huile point ne se videra … » (1 R 17, 7-16)
Il est sage et juste de ne pas porter un regard béat sur la réalité de l’Église d’aujourd’hui. Mais cela justifie-t-il pour autant une attitude désespérante devant les défis et les problèmes auxquels elle est confrontée ? Le développement des sociétés contemporaines exige d’elle un nécessaire et continuel aggiornamento pour être fidèle à sa mission. Les acteurs pastoraux, baptisés laïcs et ordonnés, doivent procéder, pour cela, à un discernement serein des réalités. Loin alors de s’apitoyer sur les sorts actuels du Corps du Christ et d’envisager des initiatives désespérantes face au présent et à l’avenir, ils pourront se réjouir de maints aspects positifs du vécu de la foi aujourd’hui.
Au regard de toutes les énergies mises en œuvre ici et là dans nos communautés, nos paroisses, nos diocèses et nos Églises locales pour mener à bien la mission d’évangélisation, c’est à un patient enthousiasme que nous sommes conviés. Injustifiée donc, toute attitude trop inquiète et pessimiste par rapport à l’avenir remet nécessairement en cause notre propre vision de l’Église, et révèle un sérieux déficit ecclésiologique, probablement insoupçonné.
Les confrères de Saint-Jacques racontent leur vie dans chaque numéro de votre Lettre. Nous y contemplons leur sérénité et leur générosité ainsi que leur enthousiasme à chercher les moyens pour faire face aux défis qu’ils acceptent de relever, unis aux membres du clergé où ils sont insérés de manière stable. Nos Églises diocésaines bougent, quoi qu’on en dise ! Elles sont mues à partir du réalisme de l’Incarnation et de la Croix. Corps du Christ, l’Église entière communie à la vie entière du Seigneur, son chef, d’où elle tire sens, existence, espérance et joie. Obéissante, elle ne s’inquiète pas pour elle-même ou pour son avenir. A travers l’agir de chacun de ses membres, baptisés laïcs et ordonnés, elle est radieuse et heureuse d’être « un serviteur inutile » ayant fait et ne cherchant à faire que son devoir.
Alors, avec quels yeux regardons-nous notre temps ? Avons-nous oublié de boucher nos oreilles au chant des sirènes trompeuses ? A trop désespérer des combats actuels, n’entendrions-nous pas Jésus nous dire : « N’êtes-vous pas en train de vous égarer, en méconnaissant les Écritures et la puissance de Dieu ? » (Mc 12, 18-27). Doutons-nous de la parole du Ressuscité toujours présent parmi nous : « voici que je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » ? (Mt 28, 20). D’où vient cette peur que l’Église, guidée par l’Esprit, ne vienne à manquer à sa mission ? Pourquoi tant désespérer de l’avenir ecclésial, quand le Seigneur nous fait dire par le prophète Elie : « … Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra… ? » (1 R 17, 7-16).
Les défis de ce temps nous placent évidemment devant un challenge. Tant que les croyants se montreront généreux à vivre leur foi ; tant qu’ils s’engageront à actualiser en eux le mystère de l’Incarnation, tant qu’ils aimeront ce monde jusqu’à consacrer leur vie pour le sauver, aucune inquiétude par rapport à l’avenir de l’Église ne se justifiera.
Je rends ainsi grâce à Dieu pour le travail de tous les baptisés, et en particulier des collègues prêtres des diocèses et des confrères de Saint-Jacques à qui le Seigneur confie la mission d’annoncer le Christ, salut offert à l’humanité entière. Au nom de notre baptême, je vous invite cher lecteur, chère lectrice, à relire les informations et les réflexions publiées dans ce numéro comme un appel et un encouragement à renouveler notre enthousiasme et notre ardeur missionnaire par une foi inébranlable en Dieu. Car, ô Sion ! « Le Seigneur règne! » (Ps 146, 10).
Père Georgino RAMEAU, Directeur de la Publication
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